Le grand auteur
et metteur en scène québécois Robert Lepage, à qui l’on doit la mythique Trilogie
des dragons, revient à Paris avec une réflexion sur l’Amérique
d’aujourd’hui. A voir pour sa scénographie exceptionnelle et ses comédiens
épatants.
La date du 19 mars, jour de la première du nouveau spectacle du virtuose de la mise en scène Robert Lepage, était inscrite sur mon agenda depuis le mois d’août. Pour rien au monde, je n’aurais manqué cette plongée dans l’Amérique du jeu (Las Vegas) et de la guerre (Irak). Certes, son Dragon bleu en 2009 ne m’avait pas convaincue, mais comment en vouloir à un metteur en scène qui m’avait tant émue avec Projet Andersen (top 1 de mes spectacles préférés à égalité avec Cercles/ Fictions de Joël Pommerat) ?
Il faut faire confiance aux génies. Jeux de Cartes 1 : Pique est un spectacle exceptionnel. Peut-être moins touchant et poétique que certaines de ses précédentes créations, mais tellement bluffant visuellement.
Le procédé scénique utilisé ici par le magicien Lepage n’est pas évident à décrire. Disons que sur un plateau circulaire muni de trappes (dont les comédiens et les décors surgissent) naissent des scènes d’une beauté quasi-cinématographique. En quelques secondes, nous sommes dans la chambre d’un grand hôtel de Las Vegas, au bord d’une piscine, au comptoir d’un bar (sublime tableau qui fait penser à Hopper) ou au milieu du désert, dans le camp d’entrainement d’une Armée américaine sur le point d’envahir l’Irak…. Des femmes de ménages mexicaines sans papiers, un couple en voyage de noces, deux soldats étrangers, un joueur compulsif, des figurants terroristes, un sosie d’Elvis Presley (au total, vingt personnages joués par seulement six comédiens époustouflants) s’y croisent pour nous offrir une vision sombre et désenchantée de l’Amérique.
Jeux de cartes 1 : Pique est le premier spectacle d’un ensemble qui comptera trois autres pièces (Cœur, Carreau et Trèfle). Hâte de découvrir la suite de la tétralogie.
Jeux de cartes 1 : Pique (2h30) de Robert Lepage au Théâtre de l’Odéon – Ateliers Berthier. Jusqu’au 14 avril. www.theatre-odeon.eu/fr