jeudi 24 septembre 2009

* Quatre pièces de Feydeau

Laurent Stocker et Christian Hecq sont parmi mes chouchous de la Comédie Française. Les voir réunis, au côté d’Anne Kessler et Léonie Simaga, dans quatre courtes pièces de Feydeau augurait donc d’une jolie soirée théâtrale au Vieux Colombier. Malheureusement, l’ensemble, mis en scène par Gian Manuel Rau, ne m’a pas totalement convaincu. Pour tout dire, il n’y a que la dernière pièce, Feu la Mère de madame, qui fut à la hauteur de mes attentes. Laurent Stocker, déguisé en Louis XIV avec une salade sur les cheveux après le bal des Quat’zarts, s’y montre particulièrement brillant en mari médiocre ayant du mal à montrer sa peine après la mort de sa belle-mère. On rit enfin beaucoup et de bon cœur… ce qu’on avait finalement peu fait devant Amour et Piano, Un monsieur qui n’aime pas les monologues et Fiancées en herbe.

Visuel@Isabelle Levy-Lehmann

Quatre pièces de Feydeau (1h40) de Georges Feydeau, mise en scène de Gian Manuel Rau. A la Comédie française - Théâtre du Vieux Colombier, jusqu’au 25 oct. www.comedie-francaise.fr

jeudi 17 septembre 2009

* Maria Cassi – Crepapelle (ou comment mourir de rire)

D’habitude j’aime bien me laisser surprendre par les « découvertes » de Jean-Michel Ribes au Théâtre du Rond-Point. Si Fred Pellerin m’a enchanté (cf. ma chronique sur l’Arracheuse de temps en octobre), Maria Cassi, elle, m’a déçue. Le seul-en-scène humoristique de cette Florentine clownesque ne m’a pas fait mourir de rire…

Ce n’est pas que son spectacle, dans lequel elle raconte en franco-italien son amour pour Paris, soit totalement dénué de drôlerie (il y a des moments assez plaisants, notamment celui où elle nous imite dire « pardon, pardon, pardon » à tout bout de champ). C’est juste qu’il n’en ressort pas grand-chose. Pour ne pas dire rien du tout…

Crepapelle (ou comment mourir de rire) (1h30) de Maria Cassi, mise en scène de l’auteure. Au Théâtre du Rond-Point, jusqu’au 17 oct. www.theatredurondpoint.fr

mardi 15 septembre 2009

*** Motobécane

@Jean-Marie Legros

Incarner, seul en scène, un homme accusé de la séquestration d’une jeune fille n’était pas un pari gagné. Bernard Crombey le réussit à merveille dans Motobécane, une pièce d’une sensibilité rare.

C’est l’histoire d’un homme au fort accent piccard, qui raconte, de la cellule de sa prison, pourquoi il est accusé d’avoir commis le pire des crimes. Cette raison c’est Amandine, une « pétiote » de 10 ans qui s’est réfugiée chez lui pour échapper à une mère alcoolique et violente et qu’il a cachée pendant plusieurs mois dans son grenier. On le soupçonne de lui avoir fait du mal. Il s’en défend.

Bernard Crombey – qui signe aussi le texte de cette pièce inspirée d’un fait-divers réel dont Paul Savatier a tiré un roman (Le Ravisseur) – incarne, seul en scène, ce personnage simple et naïf. Avec une profonde humanité, il fait vivre ce brave gars du Nord qui n’a reçu ni éducation ni amour mais possède un cœur immense. Avec sensibilité, finesse et sobriété, il se glisse dans la peau de cet être malmené par la vie, dont on se moque au village, mais qui ne ferait pas de mal à une mouche. Surtout pas à cette petite fille, qui comme lui, fut la victime de la cruauté des hommes. Un très beau moment de théâtre.

Motobécane (1h15) de Bernard Crombey, d’après Paul Savatier. Au Lucernaire, jusqu’au 17 oct. www.lucernaire.fr

lundi 14 septembre 2009

*** Journal à quatre mains

@Photo Lot

Ce fut le succès surprise de la saison dernière. Après des mois au Poche Montparnasse, la pièce de Flora et Benoîte Groult s’apprête à partir en tournée. Vite, on prend sa place !

C’est le récit de deux sœurs pendant la guerre. Il y a Flora, la blonde et Benoîte, la brune. La première est une midinette romantique et légère qui ne pense qu’à séduire et à s’amuser. La seconde est une jeune femme cérébrale et forte en thèmes. Ensemble, dans le cadre confortable de leur chambre à coucher de l’appartement familial de la rue Vanneau, elles nous font vivre leur quotidien, des années sombres à la joie de la Libération et la découverte de l’insouciance auprès des beaux soldats américains.

Pourquoi cette histoire simple de deux jeunes bourgeoises françaises pendant la guerre a-t-elle connu un si grand succès théâtral ?

Parce ce que le texte de Flora et Benoîte Groult est merveilleusement bien écrit. On se concentre pour ne pas manquer une réplique tant elles sont finement pensées. Parce ce que les deux comédiennes qui l’interprètent sont tout simplement magistrales. Ce n’est pas un hasard si Aude Briant a reçu le Molière de la révélation théâtrale pour son rôle de Benoîte. Tout comme Lisa Schuster (Flora), elle sert à merveille la langue libre et moderne des sœurs Groult, devenues ensuite de grandes écrivains et féministes françaises. Aussi différentes que complémentaires, elles sont toutes les deux formidables de légèreté, de fraîcheur, de profondeur et de drôlerie. Car malgré la guerre, Journal à quatre mains est une pièce très drôle. Une pièce pleine d’humour et d’intelligence qui nous transporte sans cesse du rire à l’émotion.

Journal à quatre mains (1h30) de Flora et Benoîte Groult, mise en scène de Panchika Velez. Au Poche Montparnasse, jusqu’au 8 nov. (Sophie de la Rochefoucauld remplace Lisa Schuster à partir du 2O oct.). 01 45 48 92 97