jeudi 13 février 2014

*** Kabaret Warszawski



@Magda Hueckel/Nowy Teatr


Après Avignon, le brillant metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski présente à Chaillot son Kabaret Warszawski, un spectacle frénétique, féroce et tumultueux qui convoque deux périodes de notre histoire récente pour fustiger le retour du populisme et d'un certain ordre moral en Europe.

Inspirée du film Cabaret de Bob Fosse (lui-même inspiré d’Adieu à Berlin de Christopher Isherwood), la première partie se déroule dans le Berlin des années 1930. On y suit l’ambitieuse et aguicheuse chanteuse Sally Bowles à l’heure de la montée du nazisme. Dans la seconde partie, Krzysztof Warlikowski adapte le sulfureux film de John Cameron Mitchell présenté à Cannes en 2006, Shortbus, et s’inspire de l’autobiographie du transsexuel américain Justin Vivian Bond. Nous sommes dans le New-York post 11 septembre. Il est question d’orgasme, d’homosexualité, d’orgies sexuelles, de frigidité et de domination. 
 
Le spectacle s’achève déjà demain soir… Le temps me manque pour vous dire tout ce que j’ai ressenti pendant les 4h30 de ce cabaret tour à tour flamboyant, trash, émouvant, transgressif et pessimiste... Je m’offre juste quelques minutes pour saluer : 
 1/ Les 15 comédiens, chanteurs, danseurs du Nowy Teatr. Ils sont époustouflants d’engagement.  
2/ La scénographie de Malgorzata Szczesniak. Elle est magnifique de simplicité. 
3/ Le regard de Krzysztof Warlikowski sur son art. A la question, pourquoi avez-vous imaginé ce Kabaret Warszawski ? Le metteur en scène polonais répond : « Par inquiétude. Nous vivons un moment étrange, nous gardons notre calme et faisons semblant que tout va bien. Pourtant, il est évident que ce n’est pas vrai. À mon avis, les artistes sont là pour remuer ce qui est bien tassé. » J’approuve.


Kabaret Warszawski (4h30) de Krzysztof Warlikowski à Chaillot. Jusqu’au 14 février. http://theatre-chaillot.fr

mardi 11 février 2014

*** Acrobates




Dédiée à Fabrice Champion (trapéziste de la fabuleuse compagnie des Arts Sauts aujourd'hui disparu), Acrobates est une ode à la vie, à l’amitié et à l’acrobatie. Extraordinaire.

Le destin de Fabrice Champion est singulier. Trapéziste génial, co-fondateur de la célèbre compagnie des Arts Sauts (leurs spectacles, entièrement dans les airs, se regardaient assis sur des chaises-longues. J’ai eu la chance d’en voir un, juste avant la fin de l’aventure en 2007), Fabrice Champion était devenu tétraplégique en 2004 à la suite d’un accident en répétition. Après des mois de rééducation, il s’apprêtait à revenir sur scène avec deux jeunes circassiens aussi talentueux que généreux, Alexandre Fournier et Mathias Pilet. Un voyage au Pérou en a décidé autrement. Fabrice Champion est mort en novembre 2011 à la suite d’une cérémonie chamanique qui a mal tourné. Il avait 39 ans.
 
Après le drame, Alexandre Fournier et Mathias Pilet ont poursuivi leur travail. Ils ont présenté Nos limites avec le chorégraphe Radhouane el-Meddeb, le projet sur lequel ils travaillaient avec Fabrice Champion depuis deux ans et pour lequel ils avaient inventé le concept de « tétradanse » (danse pour tétraplégique).  Puis avec Olivier Meyrou et Stéphane Ricordel (ancien des Arts Sauts et directeur du Monfort), ils ont imaginé Acroabates, un spectacle qui mêle cirque, images documentaires, enregistrements sonores et musique. Un spectacle qui n’est pas un hommage larmoyant à leur ami disparu mais un poème sur la transmission, une ode à la vie, à l’amitié et à l’acrobatie. Cette discipline qui les unit tous les trois et qui n’est pas qu’une technique de cirque mais une manière d’être et de vivre. Sublime.   

« Acrobate ce n’est pas uniquement faire de l’acrobatie ou alors l’acrobatie n’est pas uniquement un répertoire de figures données à inventer. C’est une manière différente d’aborder l’espace qui nous entoure donc d’aborder la vie. C’est faire le choix d’un chemin différent, un voyage intérieur où l’on rencontre son essence. Ce sont les chemins illimités de l’acrobatie comme une danse effrénée pour échapper aux peurs, un déplacement différent pour changer le regard de l’autre. C’est aussi une autre manière de regarder le monde. »  

Acrobates (1h20), mise en scène de Stéphane Ricordel au Centquatre. Du 11 au 19 février. 

dimanche 2 février 2014

Mon agenda de février



Kabaret Warszawski/Krzysztof Warlikowski@christophe Raynaud de lage


Où va-t-on ce mois-ci au théâtre ? Petite sélection des lieux qui accueillent des pièces je voudrais voir (ou revoir). En février, je vais… 

… Au Théâtre du Rond-Point pour le Festival Les Chiens de Navarre. Parce que je suis curieuse de découvrir le travail de ce collectif de comédiens insolents et irrévérencieux. Trois pièces sont à voir pour goûter leur folie créatrice et provocatrice : Regarde le lustre et articule, Nous avons les machines et Une raclette. Du 5 fév. au 2 mars. www.theatredurondpoint.fr 

… A Chaillot pour Kabaret warszawski du brillant metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski. Parce que ses expérimentations théâtrales sont toujours passionnantes. Du 7 au 14 fév. http://theatre-chaillot.fr 

… Au Théâtre Hébertot pour la reprise Des Fleurs pour Algernon. Parce que je n’ai pas encore vu Grégory Gadebois se glisser dans la peau du simple Charlie mais que je n’ai entendu que du bien de sa performance. A partir du 7 fév. http://theatrehebertot.com 

Au Centquatre pour revoir Acrobates d’Olivier Meyrou et Stéphane Ricordel. Parce que ce spectacle de cirque est un magnifique hommage à Fabrice Champion, trapéziste de la fabuleuse compagnie des Arts Sauts aujourd'hui disparu. http://unsoirautheatre.blogspot.fr/2013/09/acrobates.html. Du 11 au 19 fév.
http://www.104.fr


… Au Théâtre de la Ville pour le retour à Paris de James Thierrée et de son Tabac Rouge. Parce que je suis très sensible la poésie du fils de Victoria et Jean-Baptiste Thierrée-Chaplin (La Symphonie du Hanneton, La Veillée des Abysses, Au revoir parapluie…). Du 18 fév. au 1er mars. www.theatredelaville-paris.com 

… A l’Olympia pour revoir Séquence 8 de mes chouchous Les 7 doigts de la main. Parce que j’aime le cirque urbain, généreux et sensible de cette jeune troupe de circassiens canadiens. http://unsoirautheatre.blogspot.fr/2013/03/les-7-doigts-de-la-main-sequence-8.html.  Du 24 au 25 fév.  www.olympiahall.com

… Au Théâtre de Paris pour découvrir Clovis Cornillac dans le rôle jadis tenu par Jacques Villeret dans La Contrebasse. Parce que je suis sûre qu’il y est juste et touchant. Jusqu’au 30 avril. www.theatredeparis.com 

Et toujours...
Orchidées de Pippo Delbono au Rond-Point (jusqu’au 16-2) ; Les Fausses confidences de Marivaux, mise en scène de Luc Bondy à l’Odéon (jusqu’au 23-3) ; Le Cercle des illusionnistes d’Alexis Michalik à la Pépinière (jusqu’au 30-3) ;  Le Misanthrope de Molière, mise en scène de Michel Fau au Théâtre de l’œuvre  (jusqu’au 8-4) ; Le Porteur d’histoire d’Alexis Michalik au Studio des Champs Elysées (jusqu’au 30-6)