@Magda Hueckel/Nowy Teatr |
Après Avignon, le
brillant metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski présente à Chaillot
son Kabaret Warszawski, un spectacle
frénétique, féroce et tumultueux qui convoque deux périodes de notre histoire
récente pour fustiger le retour du populisme et d'un certain ordre moral en Europe.
Inspirée du film Cabaret de Bob Fosse (lui-même inspiré d’Adieu à Berlin de Christopher Isherwood),
la première partie se déroule dans le Berlin des années 1930. On y suit l’ambitieuse
et aguicheuse chanteuse Sally Bowles à l’heure de la montée du nazisme. Dans la
seconde partie, Krzysztof Warlikowski adapte le sulfureux film de John Cameron
Mitchell présenté à Cannes en 2006, Shortbus, et s’inspire
de l’autobiographie du transsexuel américain Justin Vivian Bond. Nous sommes dans
le New-York post 11 septembre. Il est question d’orgasme, d’homosexualité, d’orgies
sexuelles, de frigidité et de domination.
Le spectacle
s’achève déjà demain soir… Le temps me manque pour vous dire tout ce que j’ai
ressenti pendant les 4h30 de ce cabaret tour à tour flamboyant, trash, émouvant,
transgressif et pessimiste... Je m’offre juste quelques minutes pour saluer :
1/ Les 15
comédiens, chanteurs, danseurs du Nowy
Teatr. Ils sont époustouflants d’engagement.
2/ La
scénographie de Malgorzata Szczesniak. Elle est magnifique
de simplicité. 3/ Le regard de Krzysztof Warlikowski sur son art. A la question, pourquoi avez-vous imaginé ce Kabaret Warszawski ? Le metteur en scène polonais répond : « Par inquiétude. Nous vivons un moment étrange, nous gardons notre calme et faisons semblant que tout va bien. Pourtant, il est évident que ce n’est pas vrai. À mon avis, les artistes sont là pour remuer ce qui est bien tassé. » J’approuve.
Kabaret
Warszawski (4h30) de Krzysztof Warlikowski à Chaillot. Jusqu’au 14 février. http://theatre-chaillot.fr