mardi 3 novembre 2009

*** Juste la fin du monde

@Brigitte Enguerand

Après des années d’absence, un jeune homme rend visite à sa famille : il vient lui annoncer sa mort prochaine. Michel Raskine met en scène ce texte poétique et mélancolique de Jean-Luc Lagarce. Sublime !

Juste la fin du monde est entrée au répertoire de la Comédie française en mars 2008. C’est à cette occasion que j’ai découvert la mise en scène de Michel Raskine. Je me souviens encore très bien de l’émotion de la salle (et de la mienne) à la fin de la représentation. Juste la fin du monde est une pièce qui m’a bouleversée.

Louis (Pierre Louis-Calixte), 34 ans, sait qu’il va mourir. Il se rend dans sa famille qu’il a n’a pas vue depuis des années. Il vient lui faire sa dernière visite. Lui dire sa maladie, sa disparition prochaine, son amour aussi, peut-être. Mais Louis, le fils prodige et déserteur, n’arrive pas à parler. Ni à sa mère (Catherine Ferran), ni à sa jeune sœur (Julie Sicard), ni à son frère (Laurent Stocker), ni à sa belle-sœur (Elsa Lepoivre). Alors il écoute, comme déjà absent de lui-même et du monde.

Dans ce texte magnifique, Jean-Luc Lagarce décrit la solitude, la fuite, l’abandon, l’amour qui n’arrive pas à s’exprimer, les rancœurs familiales trop longtemps enfouies. Ce qui est beau chez Lagarce, auteur mort prématurément du sida à 38 ans, c’est sa langue. Une langue très écrite et vivante ; précise et hésitante ; simple et sophistiquée ; mélancolique et ironique ; drôle et tragique. Une langue poétique, sinueuse et répétitive dont Michel Raskine et ses cinq interprètes magnifient la singularité. Un immense moment de théâtre.

Juste la fin du monde (1h20) de Jean-Luc Lagarce, mise en scène de Michel Raskine. A la Comédie française – Salle Richelieu, jusqu’au 3 jan. 2010. www.comedie-francaise.fr

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