vendredi 23 octobre 2009

* Le Démon de Hannah

Le directeur de la comédie des Champs-Elysées, Michel Fagadau, met en scène les retrouvailles d’Hannah Arendt et de Martin Heidegger, 25 ans après leur première nuit d’amour. Décevant.


Les origines du totalitarisme fut mon livre de chevet pendant une longue partie de mes études. Voir une pièce qui traitait des retrouvailles, dans les années 1950, de son auteur, Hannah Arendt, intellectuelle juive allemande exilée aux Etats-Unis, avec son ex-amant et mentor, le philosophe Martin Heidegger rallié à Hitler pendant la guerre, m’intéressait donc.

Malheureusement, la mise en scène de Michel Fagadau ne m’a pas convaincue. Pour tout dire, c’est surtout sa direction d’acteurs qui m’a gênée. Si Didier Flamand est tout à fait à la hauteur du rôle d’Heidegger, Elsa Zylberstein, elle, est très décevante dans celui d’Hannah Arendt. A force de sur-jouer chaque émotion, elle dessert le texte d’Antoine Rault (auteur l’an passé du Diable rouge). Dommage car la pièce – et notamment par la voix d’Hannah Arendt – interroge de façon pertinente l’attitude d’Heidegger pendant la guerre : comment l’auteur d’Etre et Temps a-t-il pu adhérer au National socialisme ? Etait-il réellement antisémite ou a-t-il rallié la cause d’Hitler par opportunisme ? Pourquoi est-il encore incapable, cinq ans après la guerre, de dénoncer l’horreur du nazisme ? Didier Flamand est juste dans ses réponses contradictoires et ses silences honteux. Elsa Zylberstein beaucoup moins.

Les acteurs de cinéma ne sont pas toujours brillants sur les planches. En voilà une nouvelle fois la preuve !

Le Démon de Hanah (1h40) d’Antoine Rault, mise en scène de Michel Fagadau. A la Comédie des Champs-Elysées, jusqu’en déc. www.comediedeschampselysees.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire